Nezha Amrani

nezha amraniRien ne la prédestinait à travailler dans le domaine du tourisme. Même l’idée de devenir entrepreneur n’a commencé à trotter dans sa tête que tardivement.
Nezha Amrani est pourtant à la tête de Ns voyages, une agence qui, en un temps record, a atteint une taille qui l’a rendue éligible à entrer dans le giron du groupe Liberty présent dans plus de 45 pays. En effet, ce n’est qu’en décembre 2002 que l’idée de créer une agence va se concrétiser. Nezha Amrani est née à Fès dans une famille traditionaliste. Elle se rappelle encore de la rigueur et même de la rigidité de son papa, agriculteur et restaurateur, sur l’heure du retour à la maison après l’école, par exemple. Elle en parle avec amusement : «Le trajet était calculé et, pour mes parents, il fallait rentrer à l’heure car le faire avant, cela veut dire que quelqu’un m’a ramenée en voiture. Quant au retard, il ne donnait lieu à aucune discussion mais à une punition».
Après un parcours sans faute à la Mission à l’école La Fontaine, elle rejoint le lycée mixte de sa ville natale où elle obtient un Bac B (économie). Elle prend soin de ne pas donner de dates tout comme elle est restée discrète sur son âge.
Si son père a un côté conservateur, il n’hésitera pas en revanche à accepter de financer la poursuite de ses études en France. Elle se retrouve alors à Paris et s’inscrit à la Sorbonne pour un Deug en économie. Elle ne s’y plaît guère et c’est à l’université Dauphine qu’on la retrouve en 1978 pour une maîtrise en gestion.
Elle s’appuie sur le réseau des anciens des lauréats de Dauphine pour trouver un poste dans le tourisme
Après sept années passées dans l’Hexagone, Nezha Amrani rentre au Maroc en 1984. Elle rejoint le Centre islamique pour le développement du commerce pour un service civil, à travers le ministère du commerce et de l’industrie qui contribuait à l’essor dudit centre en y injectant de jeunes recrues fraîchement diplômées. Nezha Amrani se souvient de son premier salaire :
1 500 DH. Cela suscite chez elle ce commentaire : «Je revenais de Paris où, grâce à la bourse marocaine, à l’aide familiale et aux petits boulots, je vivais confortablement. A Casablanca, je ne pouvais pas faire face à toutes mes charges. Du coup, la famille qui pensait pouvoir souffler en faisant une croix sur l’aide qu’elle m’apportait a dû continuer à mettre la main à la poche».
Nezha Amrani reste au Centre islamique pour le développement du commerce de 1984 à 1987 et s’appuie sur le réseau de l’Association des diplômés de l’université de Dauphine pour chercher un autre emploi. C’est grâce à ce réseau qu’elle se retrouve dans le domaine du tourisme. Elle est alors engagée par la jeune agence de voyages S’tour, spécialisée dans l’incentive. C’est là qu’elle va faire ses premières armes dans le secteur.
Elle rejoint ensuite Atlas voyages où elle gravit les échelons pour devenir directeur national. Parmi les niches encore vierges au Maroc et sur lesquels va se positionner son deuxième employeur, il y a le voyage organisé. C’est d’ailleurs cette activité, sur le segment tourisme local, qu’investit l’agence Ns voyages que créera plus tard Nezha Amrani. Elle s’en explique : «Je ne voulais pas avoir l’air de chasser sur le terrain de prédilection de mes anciens employeurs. Et je dois reconnaître que le réseau de mon association des anciens diplômés de l’université de Dauphine m’a apporté une aide précieuse».
Sa patience a payé
La création de l’agence Ns Voyages ? Nezha Amrani la raconte simplement : «Après avoir été directeur marketing puis directeur national d’Atlas voyages, j’ai réalisé qu’il n’était plus possible de travailler pour une autre agence. J’ai alors nourri et porté l’idée de m’établir à mon propre compte. J’en ai parlé autour de moi et finalement un ami a accepté de s’associer au projet. Nous avons démarré avec un capital de 600 000 DH , dont 51 % m’appartenaient. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’argent n’a pas vraiment été le nerf de la guerre».
Le démarrage qui a eu lieu en 2003 ne sera pas de tout repos, mais Nezha Amrani n’aura pas à se plaindre puisque, dès le premier exercice, le chiffre d’affaires sera de près de 5 MDH. Avec une très grande ténacité, elle cherchera dès le départ à trouver les moyens de développer son business. Elle commence par approcher Liberty voyages dont elle a rencontré le président lors des salons qu’elle avait commencé à fréquenter dès son premier emploi à S’Tour. Les pourparlers commencent en 2006 avant d’aboutir au contrat qui vient d’être signé. L’opérateur mondial du tourisme a ainsi fait de l’agence de Ns voyages, dont le chiffre d’affaires a atteint 24 MDH, sa filiale au Maroc en entrant dans son capital à hauteur de 51%. Pour la gestion, Nezha Amrani garde toutefois son autonomie. «On me laisse travailler comme je veux. Cela est réglé par deux dispositions : deux réunions annuelles et un business plan mensuel adressés à Liberty», explique la femme d’affaires.